L'élection présidentielle tunisienne de 2014 est la première élection présidentielle au suffrage universel, libre et démocratique du pays. Il s'agit de la onzième élection présidentielle en Tunisie, la dixième au suffrage universel direct et la première depuis la révolution de 2011.
Deux tours de scrutin sont nécessaires à l'élection du président de la République tunisienne. Le premier tour a lieu le sur le territoire national et du au à l'étranger, un mois après des élections législatives qui ont vu Nidaa Tounes arriver en tête. Aucun candidat ne remporte la majorité absolue au premier tour.
Un second tour a lieu le entre Béji Caïd Essebsi — chef de Nidaa Tounes, ancien ministre sous Habib Bourguiba et président de la Chambre des députés sous Zine el-Abidine Ben Ali — et Moncef Marzouki, président de la République sortant, et réputé proche d'Ennahdha. Caïd Essebsi remporte le second tour avec 55,68 % des votes, Marzouki recueillant 44,32 %, ce qui fait du chef de Nidaa Tounes le président élu de la République tunisienne.
Le taux de participation atteint 62,9 % au premier tour et 60,1 % au second.
Modalités
Mode de scrutin
Le président de la République tunisienne est élu pour un mandat de cinq ans au suffrage universel, libre, secret et direct à la majorité absolue des suffrages exprimés, au cours des derniers soixante jours du mandat présidentiel. L'article 74 de la Constitution établit que la candidature à la présidence de la République est un droit pour toute électrice et électeur, âgé d'au minimum 35 ans, de nationalité tunisienne et de confession musulmane. L'article précise que, s'il est titulaire d'une autre nationalité, il doit présenter un engagement selon lequel il renonce à celle-ci s'il est élu.
L'article 75 précise que si la majorité n'est pas obtenue au premier tour du scrutin, un deuxième tour est organisé durant les deux semaines qui suivent l'annonce des résultats définitifs du premier tour. Les deux candidats ayant obtenu le plus grand nombre de voix au premier tour se présentent au second tour. Si l'un des candidats décède, il est procédé à un nouvel appel aux candidatures, avec de nouvelles dates pour les élections dans un délai ne dépassant pas 45 jours ; cela ne s'applique pas à la renonciation éventuelle de candidats. Il précise aussi que personne ne peut occuper le poste de président de la République pendant plus de deux mandats complets, successifs ou séparés, et qu'en cas de démission, le mandat est considéré comme ayant été accompli totalement.
Calendrier électoral
- : démarrage des inscriptions des électeurs ;
- : fin des inscriptions ;
- : dernier délai pour la publication du décret de convocation des électeurs ;
- et : publication des listes des électeurs ;
- : démarrage de la période électorale pour la présidentielle ;
- : ouverture du délai de dépôt des candidatures à la présidentielle ;
- : clôture du délai de candidatures à la présidentielle ;
- : dernier délai pour la publication des listes préliminaires des candidats à la présidentielle ;
- : dernier délai pour l'annonce des candidats définitifs à la présidentielle ;
- : démarrage de la campagne électorale pour la présidentielle ;
- : jour de silence électoral ;
- , et : Vote pour le 1er tour de la présidentielle à l'étranger ;
- : vote pour le 1er tour de la présidentielle sur le territoire national ;
- : dernier délai pour la proclamation des résultats préliminaires du 1er tour de la présidentielle ;
- : dernier délai pour la proclamation des résultats définitifs du 1er tour de la présidentielle ;
- , et : vote pour le 2e tour de la présidentielle à l'étranger ;
- : 2e tour de la présidentielle ;
- : dernier délai pour la proclamation des résultats préliminaires du second tour de la présidentielle ;
- : dernier délai pour la proclamation des résultats définitifs de la présidentielle.
Contexte
Candidats
Déclarations
Les personnalités suivantes annoncent successivement leur candidature :
- Emna Mansour Karoui, présidente d'un parti centriste, le Mouvement démocratique pour la réforme et la construction, le ;
- Adel Almi, prédicateur et président du Parti Tounes Ezzaytouna, le ;
- Hechmi Hamdi, homme d'affaires, propriétaire de la chaîne satellitaire Al Mustaquilla et dirigeant du Courant de l'amour, le ;
- Abderraouf Ayadi, avocat, secrétaire général du Mouvement Wafa, le ;
- Béji Caïd Essebsi, avocat, président de Nidaa Tounes, ancien Premier ministre, ministre sous Habib Bourguiba et président de la Chambre des députés sous Zine el-Abidine Ben Ali, le ;
- Bahri Jelassi, chef du Parti de l'ouverture et de la fidélité, le ;
- Larbi Nasra, président et fondateur de la Voix du peuple tunisien, ancien propriétaire de la chaîne Hannibal TV, le ;
- Kalthoum Kannou, juge et ancienne présidente de l'Association tunisienne des magistrats, le ;
- Jalel Brick, cyberactiviste, le ;
- Ali Chourabi, juge, le ;
- Zied El Heni, journaliste indépendant, le ;
- Ahmed Néjib Chebbi, président de la haute instance politique du parti Al Joumhouri, le ;
- Lazhar Bali, président du parti Al Amen, le ;
- Faouzi Saïdi, président du Front du 17 décembre pour le développement, le ;
- Wahid Dhiab, président du Parti des forces du 14 janvier 2011, le ;
- Abderrahim Zouari, ministre sous Zine el-Abidine Ben Ali et ancien secrétaire général du RCD présenté par le Mouvement destourien, le .
- Habib Zammali, juge révoqué après la révolution, le ;
- Nasr Ben Soltana, président du Centre tunisien des études de la sécurité globale, le ;
- Mustapha Ben Jaafar, secrétaire général d'Ettakatol et président de l'assemblée constituante, le 1er septembre.
- Raouf Ben Yaghlane, comédien, le ;
- Kamel Morjane, ministre sous Zine el-Abidine Ben Ali et président de l'Initiative nationale destourienne, le .
Dépôts de candidatures
Le dépôt officiel des candidatures à l'ISIE démarre le . L'homme d'affaires installé à Londres, Hechmi Hamdi, est le premier à présenter sa candidature, suivi par l'ancien patron de Hannibal TV, Larbi Nasra. Béji Caïd Essebsi, le président de Nidaa Tounes, dépose sa candidature le . Il est suivi par l'ancien juge Habib Zammali.
L'écrivain et journaliste Safi Saïd dépose sa candidature le . Le , c'est le secrétaire général du Front du 17 décembre pour le développement, Faouzi Saïdi, qui dépose sa candidature. Le , Ahmed Néjib Chebbi est officiellement candidat.
L'ancien gouverneur de la Banque centrale, Mustapha Kamel Nabli, dépose sa candidature le . Hamma Hammami, porte-parole du Front populaire, dépose sa candidature le lendemain, suivi par Slim Riahi et Mustapha Ben Jaafar.
Noureddine Hached, fils de Farhat Hached, Abderraouf Ayadi, secrétaire général du Mouvement Wafa, Mohamed Hamdi, secrétaire général de l'Alliance démocratique, Abderrahim Zouari du Mouvement destourien et Ali Chourabi, magistrat à la cour d'appel de Tunis, déposent leurs candidatures le .
Le , Moncef Marzouki, président de la République sortant et président d'honneur du Congrès pour la République, dépose sa candidature en tant qu'indépendant. Le même jour, Emna Mansour Karoui, présidente du Mouvement démocratique pour la réforme et la construction, Kamel Morjane, président de l'Initiative nationale destourienne, Kalthoum Kannou, ancienne présidente de l'Association tunisienne des magistrats, l'homme d'affaires Fares Mabrouk et Abdelkader Labbaoui, président de l'Union tunisienne pour la neutralité de l'administration, déposent à leur tour leurs candidatures auprès des bureaux de l'ISIE.
Le 22 septembre, date limite pour le dépôt des candidatures, plusieurs personnalités se rendent à l'ISIE : Mohamed Frikha, homme d'affaires et tête de liste d'Ennahdha pour les législatives, Mondher Zenaidi, Abderrazak Kilani, Mounir Mejri, Lotfi Ben Zekri, Nejib Belghith, Yassine Chennoufi, Lazhar Bali, Nasr Ben Soltana, Hamouda Ben Slama ou encore Sofiène Ben Nacer. À la clôture de la réception des candidatures, leur nombre atteint 70 dont 25 candidats issus de partis politiques, un candidat issu d'une coalition et 44 indépendants. ِCe nombre est ramené à 69 après le retrait de Zied El Heni qui avait recueilli 10 300 signatures.
Liste définitive
Le 30 septembre, l'ISIE annonce lors d'une conférence de presse que 27 candidatures sont définitivement acceptées et 42 rejetées. Certains candidats n'ayant pas présenté les 10 000 signatures nécessaires ou versé les 10 000 dinars de garantie, alors que d'autres ont présenté des signatures douteuses. En effet, un trafic de signatures a entaché le processus : des bases de données administratives ont été utilisées pour puiser les noms et les numéros de cartes d'identité de particuliers en faveur de certains candidats. D'ailleurs, même des candidats acceptés ont recouru à cette falsification (Nabli, Caïd Essebsi, Ahmed Essafi Saïd, Hached, Hamdi, Zouari, Chaourabi Slim Riahi). Néanmoins et au vu du nombre de parrainages qui dépasse les 800 000, l'ISIE ne peut constater que les parrainages répétés ou l'absence de signatures ou les plaintes de certains électeurs ayant noté la présence de leurs noms alors qu'ils n'ont pas parrainé les dits candidats. Parmi les candidatures rejetées, on remarque celles de Abdelwahab El Hani (35 000 parrainages), Mohamed Nizar Tazni (30 000 parrainages), Mohamed Ghazi Ben Tounes (26 000 parrainages), Bahri Jelassi (25 000 parrainages) ainsi que celles d'Emna Mansour Karoui, première femme à avoir présenté sa candidature, et de Leila Hammami.
À la suite du résultat obtenu par son parti aux élections législatives, Hechmi Hamdi annonce le 27 octobre son retrait de la course à la présidentielle. Abderrahim Zouari, candidat du Mouvement destourien, Mohamed Hamdi, candidat de l'Alliance démocratique, et Abderraouf Ayadi, candidat du Mouvement Wafa, font de même, respectivement le 30 octobre, le 5 novembre et le 19 novembre. Les candidats indépendants Mustapha Kamel Nabli et Noureddine Hached se retirent également le 17 novembre.
Les 27 candidats officiels sont les suivants :
Déroulement
Sondages
Résultats
Notes et références
Notes
Références
Voir aussi
- Élections législatives tunisiennes de 2014
- Portail de la politique
- Portail des années 2010
- Portail de la Tunisie

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