John Oswald est un philosophe, écrivain, poète, critique social et révolutionnaire écossais, né vers 1760 à Édimbourg et tué le à Thouars.
Jeunesse
La jeunesse de John Oswald est mal connue. Il est né entre 1755 et 1760 à Édimbourg,,,, voire en 1730 selon plusieurs auteurs. Son père aurait été un tenancier d'un coffee house, c'est-à-dire un café de deuxième ordre, ou un orfèvre,,. Il devient lui-même apprenti-orfèvre,.
Séjour en Inde
Enrôlé dans le 18e Royal Irish Regiment (en), il atteint le grade de sergent, avant d'acheter, grâce à ses économies ou à un héritage inattendu, un brevet d'enseigne au Black Watch (42e régiment de ligne), 3e bataillon du régiment royal d’Écosse. Transféré au 2e bataillon,,,, il est envoyé pour s'opposer à la révolution américaine, y gagnant le grade de lieutenant. En 1780, embarqué pour les Indes orientales, il a un duel, sans issue grave, durant la traversée. Engagé dans la guerre de Mysore, au Malabar, il parcourt l'Inde et découvre le végétarisme hindou, dont il a décrit l'impact sur sa philosophie dans The Cry of Nature or An Appeal to Mercy and Justice on Behalf of the Persecuted Animals, publié en 1791,. Cet ouvrage est considéré comme l'une des grandes œuvres du végétarisme occidental.
Retour en Grande-Bretagne
Oswald ne peut demeurer plus longtemps officier. Il quitte l'armée et rentre en 1784 en Grande-Bretagne, où il se marie et a trois enfants, deux garçons et une fille. Durant ses voyages, il a appris l'arabe, le français, l'italien, l'espagnol et le portugais. Pendant son retour des Indes, il s'est mis au latin et au grec. Il se consacre alors à la poésie et à la critique sociale et publie un périodique intitulé: Le Mercure britannique. Durant cette période, Oswald écrit un pamphlet tranchant en faveur de l'idée républicaine, Review of the Constitution of Great Britain, et une brochure antireligieuse Ranae Comicae Evangelizantes: or the Comic Frogs turned Methodist, dans laquelle il se prononce pour l'athéisme.
Installation en France
Lors du déclenchement de la Révolution française, Oswald s'installe à Paris et rejoint le club des Jacobins. Au sein de cette société, il intervient en faveur d'une intervention plus énergique des Jacobins dans les affaires britanniques, arguant que la Révolution en Angleterre est essentielle pour la paix entre les deux nations.
Le , il participe à la prise de la Bastille, étant, avec un soldat des Gardes-Françaises, l'un des deux premiers hommes à pénétrer dans la place. Puis, les jours suivants, il en est le plus actif démolisseur.
En , avec treize autres rédacteurs, en grande partie girondins, il fonde la Chronique du mois ou les Cahiers patriotiques, où Jean-Marie Collot d'Herbois représente la partie avancée des démocrates, vers laquelle Oswald incline peu à peu.
En , Oswald fait placarder sur les murs du faubourg Saint-Antoine des affiches demandant l'abolition des armées permanentes.
Le , il intervient aux Jacobins pour demander, en vain, l'envoi d'une lettre de soutien au club de Manchester, la Manchester Constitutional Society, dont l'une des principales figures, Thomas Cooper, selon ses dires, a été arrêtée sur ordre du gouvernement britannique,. Le , il propose aux Jacobins l'envoi, à tous les clubs populaires de l'Angleterre, de l'Écosse et l'Irlande, d'une adresse à la nation britannique justifiant la journée du 10 août 1792, avec prière de la faire réimprimer et de la répandre par toute l'étendue de l'empire britannique,.
Le , il obtient la nationalité française.
Nommé commandant en chef du bataillon des piquiers par le ministre de la Guerre le , il assure la levée des hommes et son organisation. Le 28 et le 29 octobre, la formation du bataillon est opérée par la réunion en corps de compagnies de volontaires déjà levées — la 1re compagnie est constituée par une compagnie de la section du Panthéon-Français, une compagnie de canonniers formée le 16 septembre dans la section de Molière et La Fontaine lui est adjointe le 10 décembre. Il est rassemblée à la caserne de Lourcine, dans le quartier Croulebarbe, puis, en à la caserne Babylone, située rue de Babylone, où il est définitivement constitué.
Ayant reçu l'ordre de partir le pour Brest, où il est placé sous les ordres de Santerre, avec le nom de 14e bataillon de la République, le bataillon quitte la capitale le 26 mars. Passant le 4 mai par Orléans, il est engagé dans la guerre de Vendée et participe le 15 juillet à la bataille de Martigné-Briand, où le commandant en second — Vignot — et un volontaire — Guillaume-Léonard Lavard — trouvent la mort, puis, le 18, à celle de Vihiers, où six hommes sont tués et quatre faits prisonniers. Chargé d'occuper Chinon du 4 au 21 août, puis Thouars le 23, il reprend part ensuite à des opérations actives.
Le , Oswald est tué d'un boulet ou d'une balle lors de la deuxième bataille de Thouars,,,. En 2022, l'historien Frédéric Augris valide par son acte de décès, que John Oswald est mort à Thouars,. Selon des biographes, ses deux fils, qui servaient comme tambours auprès de lui, auraient également péri, d'un coup de mitraille. Selon le rapport du général Rey, les républicains comptent quatre tués au sein du bataillon — le chef de bataillon Oswald, le grenadier Jean-Gabriel Oursel et les volontaires Joseph Gazard et Philippe Gautier — et quinze blessés, contre cent morts parmi les insurgés, dont deux femmes et un prêtre,.
Oswald fut un défenseur de la démocratie directe lors de la révolution française. Même s'il n'utilise pas le terme « démocratie » explicitement, il critique la démocratie représentative. Il écrit dans Le Gouvernement du peuple : « J'avoue que je n'ai jamais pu réfléchir sur ce système de représentation sans m'étonnerait de la crédulité, je dirais presque la stupidité avec laquelle l'esprit humain avalé les absurdités les plus palpables.[...] [L]'intention charitable de ces messieurs [les représentants], qui veulent nous épargner la peine de penser par nous même ».
Œuvres
- Review of the Constitution of Great Britain (Revue de la constitution anglaise), Londres, 1790 (Paris, 1792 - 3e édition, traduction en français la même année).
- Ranae Comicae Evangelizantes: or the Comic Frogs turned Methodist (sous le pseudonyme de Sylvester Otway), 1786.
- The Alarming Progress of French Politics, 1787.
- The British Mercury (journal), 1787.
- Euphrosyne or an Ode to Beauty (dédiée à Mrs. Crouch, du théâtre de Drury Lane), Londres, 1787.
- Poems, to which is added « The Humors of John Bull » an Operatic Farce (sous le pseudonyme de Sylvester Otway), Londres, 1789.
- The Cry of Nature, or An Appeal To Mercy and Justice On Behalf of the Persecuted Animals, J. Johnson, Londres, 1791.
- The Triumph of freedom, an ode to commemorate the anniversary of the French Revolution (précédée d'une adresse à l'Assemblée nationale), 1791.
- The spirit of the French constitution: or, The almanach of Goodman Gerard for the year 1792 (traduction de l'Almanach du bonhomme Gérard de Jean-Marie Collot d'Herbois), Londres, Ridgway ; Paris, Imprimerie du Cercle social, 1791, 90 pages.
- La Tactique du peuple, ou Nouveau principe pour les évolutions militaires, par lequel le peuple peut facilement apprendre à combattre par lui-même et pour lui-même, sans le secours dangereux des troupes réglées, Gueffier, Paris, 179?.
- Le Gouvernement du peuple, ou Plan de constitution pour la république universelle, traduit de l'anglais, Imprimerie des Révolutions de Paris, 1793.
Bibliographie
- William Anderson, « Oswald, John », The Scottish nation: or The surnames, families, literature, honours, and biographical history of the people of Scotland, Fullarton, vol. 3, , p. 268-269 (lire en ligne).
- Charles-Louis Chassin et Léon Clément Hennet, Volontaires nationaux pendant la révolution, vol. 2 : « Les Volontaires nationaux pendant la révolution: Historique militaire et états de services du 9e bataillon de Paris (Saint-Laurent) au 18e (bataillon des Lombards), levés en 1792 », L. Cerf, 18e (bataillon des Lombards), levés en 1792 »&rfr_id=info:sid/fr.wikipedia.org:John Oswald">
- (en) David V. Erdman, Commerce des lumières : John Oswald and the British in Paris, 1790-1793, Columbia, University of Missouri Press, , 338 p. (ISBN 0-8262-0607-7).
- T. F. Henderson et Ralph A. Manogue (dir.), Oxford Dictionary of National Biography, Oxford University Press, , « Oswald, John (c.1760–1793) ».
- André Lichtenberg, « John Oswald, Écossais, jacobin et socialiste », La Révolution française : revue historique, Paris, Charavay frères, vol. 32, , p. 481-495 (lire en ligne).
- Alexis Corbières, Jacobins ! - Les inventeurs de la République, Perrin, 2019
Liens externes
- Le Gouvernement du Peuple, ou Plan de constitution pour la République universelle
- (en) The Cry of Nature, or an Appeal to Mercy and to Justice, on behalf of the Persecuted Animals, en ligne sur Animal Rights History, 2006
- La Chronique du mois: ou, les cahiers patriotiques, n° 3, Imprimerie du Cercle social, 1793
Notes et références
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